Retour au monde enchanté

Texte d’accompagnement

par Guylaine Tousignant

 

« [s]i l’écrivain se coupe de son enfance, de ses racines, de sa mémoire
onirique ancestrale, il se prive de tous ses moyens artistiques »

—Jacques Derrida

 

« I really wanted to go back to being playful, just having fun with
the materials and not worrying about perfection. »

—jenna dawn maclellan

 

Le monde enchanté n’est pas une invention de Walt Disney. C’est un monde vieux comme le monde, un lieu où la magie opère, où la réalité se perd dans le rêve et le rêve dans la réalité. C’est le territoire de l’enfance. Et ce territoire, qu’on le veuille ou non, nous habite à jamais.

Lorsqu’on le quitte, il nous rappelle. Lorsqu’on essaie de l’oublier, il nous interpelle. Il exerce une force sur nous qui nous repousse et nous attire, comme un ours noir dans un dépotoir.

C’est magique ce lieu où on a joué pour la première fois, où on a lancé sa première pierre, où on s’est imaginé la vie, où on se l’est construite avec les outils et les matériaux à notre disposition : une tronçonneuse, un peu de bois, une pelle, un peu de neige, des ciseaux, un peu de tissu, des crayons, un peu de carton.

Ce lieu, c’est la cabane et le feu de joie.

S’en souvenir, c’est voyager sans itinéraire dans un pays imaginaire. L’hiver, on se revoit en pique-nique dans notre robe d’été préférée, à cueillir des boules de neige, et l’été, on se promène en motoneige sur des sentiers colorés de baies écrasées.

La corde de bois, dans l’image, est toujours parfaitement là.

Les étoiles filantes tombent du ciel en toute saison. Les souhaits se réaliseront.

La vie, en mode souvenir, qu’il s’agisse de la nôtre ou celle des autres, c’est comme un rêve réel. On sait bien que la vie n’est pas comme ça, mais on ne sait pas qu’on le sait, et c’est bien comme ça.

Ce monde enchanté, c’est là où il faut aller lorsqu’on ne sait plus comment on a fait pour en arriver à être grand, comment faire pour retrouver l’enfant.

À ce moment-là, il est bon de retourner chez soi.