Phantom Limb

Un fantôme est évoqué dans cette installation sculpturale à grande échelle où les morceaux individuels deviennent les vertèbres d’une structure qui occupe entièrement la galerie.

L’installation est construite à partir d’objets trouvés : les meubles en bois agissent comme socles qui portent une série de sculptures en céramique suspendues et disposées d’une façon à ce qu’elles suggèrent la forme d’une épine dorsale d’une quelconque créature non identifiée. On pense, entre autres, aux expositions sur les dinosaures dans les musées, ou même encore au squelette de baleine suspendu au plafond de Science Nord.

En reconnaissant le fait que ses matériaux de base sont essentiellement des bibelots rescapés de magasins d’articles d’occasion, l’artiste les décrit ainsi : « des objets décoratifs délaissés ou abandonnés, qu’on a déjà aimés mais qui ont perdu leur attrait. » Individuellement, les sculptures en céramique sont d’objets typiquement décoratifs tels que des cygnes, des dauphins ou des fleurs. En proximité, les objets deviennent moins distinctifs et se perdent l’un dans l’autre. Selon De Souza, « chaque morceau est ajouté d’une façon à ce qu’ils commencent à s’effacer mutuellement et prennent ensemble des formes évoquant d’immenses bois de chevreuils ou des formes de Rorschach tridimensionnelles. »

Pour De Souza, le spectateur fait partie intégrale de son processus artistique. En présentant sous un œil nouveau des artefacts familiers et issus de la culture de consommation de masse, elle espère inclure le public dans un processus de construction de sens. Son discours artistique souligne le rôle central qu’occupe le spectateur. Elle affirme que « le spectateur devient une partie obligatoire de l’œuvre vu le fait que l’œuvre n’existe qu’au moment même où l’objet d’art et le spectateur se rencontrent. »

Phantom Limb s’accorde parfaitement avec le grand thème de la saison 2014-2015 de la GNO : Mutations. Chaque sculpture en céramique ressemble à une version légèrement modifiée de son voisin et nous rappelle ainsi la marche lente de l’évolution à travers les âges. La forme émergente de l’épine dorsale rappelle aussi les thèmes de la biologie et du temps.