Lieu de passage par excellence, la mort n’a — pour Ron Langin — rien d’une obsession morbide; elle serait plutôt une vérité absolue à laquelle nous ne pouvons échapper et à laquelle il se sent convié. Memento mori. Ron Langin choisit de se souvenir. À partir des notices nécrologiques parues dans le quotidien Sudbury Star, l’artiste s’attarde à ce passage, le scrute et le questionne. Il documente la vie de personnes décédées, certaines connues intimement, d’autres plus distantes, toutes ayant participé à façonner la communauté dans laquelle ils et elles se sont inscrites.
Confronté à sa propre mortalité par le biais de ses expériences personnelles de la mort, des petites morts, des deuils parfois quotidiens qui lui ont arraché à l’innocence de son enfance, aux relations d’amitiés et d’amour… l’artiste se plonge dans la mort pour se l’approprier. La célébrer. À son avis, c’est sa propre mortalité qui le lie puissamment à la vie ; les portraits des morts qu’il a créés sur une période d’un an lui permettent de le conscientiser. Témoin privilégié de ce passage qu’est la mort, l’artiste invite le spectateur à y prendre place pour entendre la symphonie de ces vies passées, pour accueillir l’envergure de ces symphonies personnelles.
Langin exploite le crayon à mine, l’encre de Chine, le papier mâché et l’aquarelle dans des tons de bleu et vert que l’œil humain ne discerne qu’à la tombée du jour. Il crée ainsi une véritable mosaïque de la vie et de la mort, une symphonie visuelle fortement intégrée.