Conçue d’abord dans le cadre du projet Événement Roc 2, de la Galerie du Nouvel-Ontario, « Élémental » voulait exprimer concrètement une recherche sur la symbolique des quatre éléments, et ce à travers l’histoire des traditions et mythologies orientale et occidentale. Suite à la décision d’installer l’œuvre sur les lieux du Collège Boréal, certains aspects concrets ont été remaniés, même si l’essence de ce qui avait été conçu par l’artiste demeure. Le lieu qui a accueilli l’œuvre a donc eu un impact sur le résultat final.
L’installation est située au cœur du rocher préhistorique, « élémentaire » de Sudbury tout en étant rattachée à l’architecture moderne du Collège Boréal. Celui-ci, foyer de l’éducation postsecondaire de langue française à Sudbury, est en interaction constante, par la voie des technologies de pointe, avec ses six campus satellites du Nord de l’Ontario : Elliot Lake, Hearst, Kapuskasing, New Liskeard, Sturgeon Falls et Timmins. Plusieurs matériaux utilisés dans la construction du collège ont été mis à la disposition de l’artiste et recyclés aux fins du projet. Rencontre et juxtaposition du naturel et du fabriqué.
Rappelant des jouets d’enfants, les six vire vents, qu’on appelle aussi tournevents ou girouettes, sont installées sur des poteaux hauts de douze à quinze pieds. Les hélices, placées aux quatre points cardinaux, propulsent le savoir en constant mouvement, vers et entre les campus satellites du collège; les poteaux qui soutiennent les hélices représentent les six campus qui propagent la connaissance. Seules les couleurs primaires ont été utilisées, ce qui renvoie au concept de l’élémentaire. Elles identifient les différents domaines de l’éducation. La transposition des couleurs sur chaque structure – un poteau jaune avec un vire vent rouge par exemple – indique la relation interactive entre les campus. Enfin, la transparence des hélices englobe le savoir, unifie les lieux, les fonds les uns dans les autres.
Les gros blocs de calcaire de l’île Manitoulin, utilisés dans l’aménagement paysager du site du collège, renvoient à la croûte terrestre et évoquent les différents lieux géographiques des campus. La base unie les communautés tout en assurant l’individualité de chacune. Gravés sur le calcaire, des signes issus de plusieurs traditions témoignent de la mythologie des éléments.
Visibles entre les poteaux (la grande cheminée de Inco, les tours de télécommunication et les lignes de transmission hydroélectriques) l’horizon de Sudbury est traversé de sombres lignes verticales, fabrications de l’homme.
Les vires vents colorés sont des images de l’émerveillement des enfants qui découvrent le monde. De l’émerveillement inhérent au processus d’apprentissage et à l’interaction entre les individus et entre les communautés.
La réalisation d’Élémental a été financée par le Collège Boréal qui, en retour, héritait d’une œuvre d’art monumentale érigée à même son site. L’œuvre a été dévoilée le samedi 4 octobre 1997, à l’occasion des cérémonies d’ouverture du Collège Boréal.
Au cours de la réalisation du projet, la GNO a invité le public à visiter ses locaux afin de voir le montage des moulins, c’est-à-dire la partie supérieure des vires-vents. Une série de photo documentait aussi le travail de conception de l’artiste.
Normand Fortin
Normand Fortin est un artiste en arts visuels. Son art, c'est sa recherche, sa quête, ses interrogations, ses explorations, ses découvertes. Normand Fortin est un sculpteur, peintre et artiste de performance et d'installation. Son art, c'est sa vie imaginée. Il faut de l'imagination pour apprivoiser les oeuvres de Normand Fortin dont l'inspiration puise aux sources diverses de la vie quotidienne comme aux sphères un peu plus éthérées de sa spiritualité. La tension des contraires ainsi que les équilibrages qui s'imposent dans cette dualité constante occupent les espaces vastes composant la mémoire et le geste profondément enfantin et libérateur de Normand Fortin. Les thématiques sont multiples: l'amour, les relations parent-enfants, les éléments, les couleurs, la forme et la ligne. L'oeuvre fait partie de l'environnement, l'environnement fait parti de l'oeuvre . D'abord imaginée, elle devient une représentation qui épouse le milieu, occupant l'espace discrètement et dignement. Depuis la planche à dessin jusqu'à sa venue au monde, l'oeuvre s'installe en permanence dans la géographie du moment. L'oeuvre constitue une mémoire comme l'instinct de Normand Fortin possède une mémoire, sa propre histoire. Le lieu de création aussi a son passé, sa mémoire et son ascendance. Idem pour le matériau qui lui aussi a sa mémoire in situ. Le travail de l'artiste les solliciteront. Tous ces matériaux conjugués, ces mémoires sondées et ces histoires révélées constitueront l'ensemble thématique d'une plus grande histoire encore, d'une plus grande mémoire, peut-être meilleur, qui peut à son tour accéder à d'autres valeurs toujours et sans cesse transcendantes. Un espoir.
Profil de l'artiste