Mary Green : Evocation

Texte d'accompagnement

par Paul Walty

 

Une image vaut-elle mille mots? Tout au moins, la simplicité traîtresse de la question est troublante. N’est-ce pas que la réponse découle du choix d’image et de mots? Dans le cas du travail récent de Mary Green, les mots s’emparent de l’avant-scène, mais sans l’aplomb des blockbusters hollywoodiens, sans tonnerre ni éclairs issus d’un ordinateur.

À la galerie, le visiteur découvre les murs peuplés d’une série d’œuvres photographiques toutes accompagnées d’écouteurs et d’un lecteur média. La matière de base est tirée de l’imaginaire à Mary. Les images sont souvent floues et indistinctes. Il y a des plans serrés de la figure humaine et du paysage nord-ontarien qui sont à la dérive dans un espace à la fois familier et décalé. Les filaments givrés d’une fenêtre en hiver. Un banc lointain – vide – avec un lac en arrière-plan qu’on perçoit par l’écran dégagé des arbres. Le pêle-mêle d’un lit défait, épinglé par la tranche de lumière d’une porte entrouverte. Tels des clichés qui captent le moment sans le saisir. Une suggestion, la trace d’un mi-souvenir.

Ces photos sont les panneaux de signalisation indiquant les stations d’un pèlerinage acoustique.

Les écouteurs témoignent du passage de l’artiste. On y retrouve les « œuvres poétiques » récentes de Mary, colorées d’une force émotionnelle intense et d’une beauté toute simple. Aucunement verbeuse, Mary maîtrise le « moins, c’est plus. » Chaque texte devient une brève excursion parsemée de grappes de mots et de phrases parfaitement mijotées à feu doux. Chacun des textes résonne, comme le tambourinage de la gélinotte, et nous habite longtemps après la fin de l’enregistrement. On s’attarde aux images dans le silence qui s’ensuit.

L’exposition indique-t-elle une nouvelle orientation à la créativité de Mary? Quand je lui demande si l’écriture sera aussi essentielle dans ses futurs travaux, elle ne fait que hausser les épaules. Elle s’outillera en fonction de son objectif. Peu importe l’inspiration exacte à l’horizon, c’est bien là que commence la recherche de la meilleure voie pour faire naître l’idée.

Je souhaite que Mary continue son exploration de l’écriture, et si ce n’est pas le cas, je suis content qu’elle s’y soit attardée cette fois-ci – il y a tout un monde de merveilles dans ses mots.